L’École des Ponts veut plus d’étudiants étrangers
La prestigieuse école d’ingénieurs se cherche des ressources pour financer son nouveau plan stratégique d’ici à 2025.
Il n’y en avait pas eu depuis le début des années 2000, lorsque Pierre Veltz était encore à la tête de l’établissement : l’Ecole des Ponts vient de se doter d’un plan stratégique à l’horizon 2025. En cette période où les écoles d’ingénieurs publiques ne peuvent plus compter sur le soutien financier appuyé de l’Etat et où la concurrence internationale entre établissements d’enseignement supérieur s’intensifie, les établissements vont chercher eux-mêmes les ressources dont ils ont besoin pour exister dans la compétition internationale. La prestigieuse Ecole des Ponts n’échappe pas à la règle.
« Plus de 50 % d’étudiants étrangers »
Son directeur Armel de la Bourdonnaye aimerait ainsi qu’en 2025 l’Ecole soit « très internationalisée, à la fois dans son corps enseignant, dans ses étudiants et dans les entreprises avec lesquelles elle travaille ». L’Ecole accueille aujourd’hui 30% d’étudiants étrangers. « Je ne serai pas choqué si (cette proportion passe à) plus de 50 % », glisse-t-il. Les 160 étudiants étrangers qui suivent aujourd’hui la formation d’ingénieurs pourraient être ainsi 350 en 2025.
L’Ecole entend aussi attirer les étudiants étrangers vers ses masters internationaux et spécialisés – les cursus seront en anglais. Deux diplômes de niveau grade de master (M2) sont ainsi sur le point de voir le jour. L’un d’eux se fera en partenariat avec l’Ecole d’économie de Paris autour de Saclay et de l’Ecole Polytechnique, et pourrait accueillir des partenaires internationaux. Les deux cursus devraient être accessibles à la rentrée 2017 au plus tard, à un tarif de l’ordre de 10.000 à 20.000 euros l’année, bien au-delà des 2.600 euros annuels du cursus ingénieur. C’est « le tarif du marché international », plaide Armel de La Bourdonnaye.
Les étudiants étrangers représentent une manne financière conséquente pour l’Ecole qui compte d’ailleurs sur une différenciation tarifaire entre les étudiants nationaux et étrangers pour la formation d’ingénieur. « Le contribuable français est sollicité pour développer nos activités et l’économie française, alors que les contribuables étrangers ne versent pas de subventions à l’Ecole », justifie le directeur de l’Ecole. Tous les étudiants qui suivent la formation d’ingénieur à l’Ecole paient la même chose, alors que d’autres, comme les Mines et Télécom, ont, depuis 2014, renchéri le coût de la formation des étrangers hors Union européenne de 2.000 euros par an. Pour attirer ces étudiants internationaux, l’Ecole compte nouer des partenariats avec des établissements étrangers « de meilleur niveau » – « Si on est connu de ces institutions, on sera connu des élèves », prédit Armel de la Bourdonnaye.
Brésil, Chine, Maroc, Inde, Afrique anglophone…
L’internationalisation passe aussi, pour l’Ecole, par « un réseau de centres d’innovation » dans les pays « où les villes du futur s’imaginent et se construisent ». Des projets sont plus ou moins avancés au Brésil, au Maroc et en Chine, et l’Ecole se cherche une destination en Inde et en Afrique anglophone. Ces centres dits de « co-innovation » doivent mêler les intérêts de l’Ecole, des partenaires académiques locaux, des filiales étrangères des entreprises françaises et aussi les partenaires locaux. Pour, avant tout, « renforcer la compétitivité des filiales françaises ». A Marrakech, un projet se dessine autour d’innovations liées à l’énergie, et au Brésil sur les enjeux numériques pour le BTP.
Pour financer son plan stratégique, dans un contexte où l’aide de l’Etat sera au mieux stable, l’Ecole compte sur ses ressources propres : la formation (plus de masters internationaux, plus de masters spécialisés, plus d’étudiants étrangers et une augmentation des droits de scolarité) ; le doublement du mécénat à moyen terme (de 2 millions d’euros aujourd’hui à 4 millions) et la hausse des ressources issues de la recherche (de 8 à 10 millions). Des 52 millions d’euros annuels de budget (en incluant les deux filiales de formation continue), l’Ecole compte passer « au-delà de 60 millions ».
Reste une inconnue de taille sur l’une des ressources-clefs : la différenciation des droits de scolarité entre étudiants nationaux et internationaux suppose de re-négocier la trentaine d’accords de double diplôme dans lesquels sont inscrits la plupart des étudiants étrangers. Ce qui ne sera pas simple.
Source de l’article Les Echos