Est-ce la conséquence de la circulaire Guéant, alors ministre de l’Intérieur, en 2011, défavorable aux étudiants étrangers ou l’absence de stratégie globale, en dépit des atouts de l’université française? Entre 2009 et 2014, le nombre d’étudiants accueillis par la France n’a progressé que de 11,2%, soit un rythme deux fois moins soutenu que la mobilité étudiante dans le monde.

Un recul du soft power

Bien que cela nous place quatrième pays d’accueil et premier pays francophone avec 310.000 jeunes étrangers inscrits en 2015, Campus France juge cette évolution préoccupante. « Les luttes d’influence, voire de vision du monde, se traduisent dorénavant dans le domaine de l’attractivité universitaire et de la course au cerveau, explique l’établissement public chargé de promouvoir l’offre française. Or, par rapport aux autres puissances mondiales (Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine) qui renforcent leurs positions, et aux puissances régionales (Russie, Arabie Saoudite, Turquie) qui jouent désormais dans la cour des grands, la France perd du terrain. » Même sur le continent africain, le « soft power » de la France régresse. Lors des cinq dernières années, la Tunisie, l’Algérie, le Sénégal et le Cameroun ont moins envoyé de jeunes étudiants vers la France que par le passé.

L’absence de stratégie offensive

Fin septembre, un rapport rédigé à la demande du ministère des Affaires étrangères sur l’enseignement français à l’étranger, titré « L’urgence d’une stratégie », avait posé un diagnostic complet. Il chiffrait à 400 millions le nombre d’étudiants à l’horizon 2030. Certains pourront être formés grâce à des diplômes délocalisés. D’autres seront appelés à voyager pour se former. D’ores et déjà, ils sont environ 4,5 millions à choisir d’étudier en dehors de leur pays. Et le rapport de prôner la professionnalisation des équipes dédiées à l’international, la mise en place au niveau de l’Etat, d’un système harmonisé de suivi des programmes ou encore la création d’un environnement propice à l’internationalisation des établissements.

Des atouts uniques à l’université

A l’intérieur des frontières, il est temps aussi de passer à l’offensive. Selon Campus France, les inscriptions de doctorants internationaux ont diminué de 4,4% depuis 2011. Et globalement, les universités font quasiment du surplace depuis 5 ans, avec une progression des étudiants étrangers de seulement 3%, l’essentiel de la croissance provenant des Grandes écoles. Pourtant, les facs ne manquent pas d’atout: leurs frais de scolarité sont parmi les plus bas au monde avec 184 euros à débourser en licence, 256 euros en master et 391 euros pour un doctorat. Par ailleurs, Paris, qui concentre une grande partie de l’offre universitaire, est pour la cinquième année consécutive à la tête du classement des villes où il fait bon étudier, selon QS Best Student Cities Rankings, devant Melbourne et Tokyo. Reste le climat général des affaires et la sécurité qui comptent beaucoup dans le choix des expatriés. Dans ces domaines, la France peut mieux faire.

Source :

Kira Mitrofanoff les Echos